Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l'œuvre du ministère et de l'édification du corps de Christ » Ephésiens 4 :11-12
Fondée par le feu évêque Joseph Pélissier en 1977, l'Église la Foi Apostolique a vu le jour avec une dizaine de fidèles réunis sur le balcon de sa résidence personnelle, située à la ruelle Clesca à Lalue. Il est important de préciser que, lors de son installation à Port-au-Prince après avoir quitté les Gonaïves, l'évêque n'avait pas l'intention de fonder une église, mais plutôt un orphelinat, dont il a confié la direction à sa fille aînée, Madame Ernisse Pélissier. Cependant, la volonté divine en a décidé autrement.
Tout a commencé avec Cédier Bazil, maestro de l'orchestre du groupe "Negro Spirituel", qui utilisait les locaux de l'orphelinat pour les répétitions de son orchestre. L'évêque assistait régulièrement à ces répétitions. Un après-midi, après une répétition, il a partagé son intention d'organiser des cultes et des réunions dans les locaux de l'orphelinat avec un groupe de personnes comprenant : Mme Julien Francillion, Mme Bernadette Yacinthe, Frère Pascal Chéry et Frère Verlino Jean-Baptiste (affectueusement appelé Frère St-Cloud). Ce petit noyau de personnes constitue les membres fondateurs de l'œuvre que nous voyons aujourd'hui, qui ne cesse de croître avec l'aide de Dieu.
La première personne à avoir accepté le Christ comme Sauveur personnel au sein de la nouvelle congrégation est Sœur Bernadette Yacinthe, qui faisait également partie de la première promotion de baptême, comptant une dizaine de personnes, dont Sœur Acephie Bastien et Frère Verlino Jean-Baptiste, dit Frère St-Cloud. La première cérémonie de baptême a eu lieu en 1979. Cette petite assemblée a rapidement été transférée à la 2e impasse Lavaud, avant l'acquisition (achat) d'une ancienne maison servant de lieu de culte, située à l'angle des rues Camille Léon et Marguerittes, en septembre 1994. C'est l'espace où nous nous trouvons actuellement.
Son fils, Daniel Pélissier, ayant été ordonné pasteur, lui a succédé à la tête de l'assemblée en 1982. Quelques années plus tard, en 1997, il a quitté le pays pour s'installer aux États-Unis d'Amérique. Après le départ du pasteur Daniel Pélissier, la responsabilité de guider le troupeau de Dieu a été confiée au feu diacre Yves Cadet en 2005.
Rongé par une maladie pendant une dizaine d’années et sentant la fin de ses jours approcher, le diacre Yves Cadet a pris la décision de consacrer les frères Reginald Lamour et Wilton Lamerique au rang ministériel de diacre le 6 novembre 2005. Cette décision n'a pas été sans controverse au sein de l'assemblée. Au cours du mois de mai 2006, le diacre Yves Cadet a été rappelé auprès de son Maître, sans avoir été officiellement remplacé. Un comité de gestion composé de neuf (9) membres, dont trois sœurs, a assuré la transition. Nous citons : Frère Edouard Guerrier, Frère Bauzelais Laurore, Frère Dagobert Elisée, Frère Jacques Maescro, Frère Delatour Saintilmat, Sœur Thérèse Charles, Sœur Jacques Maescro, Sœur Larochele et Frère Verlino Jean-Baptiste.
En parallèle du comité de gestion, les frères Reginald Lamour et Wilton Lamerique exerçaient les fonctions de diacre au sein de l'assemblée, présidant certaines cérémonies de leur ressort, telles que l'administration de la Sainte-Cène et la présentation des enfants au Seigneur. Pour les autres cérémonies, comme les mariages, il était nécessaire de faire appel aux services d'un pasteur d'une autre église. Concernant l'administration et la gestion de l'Église, le frère Edouard Guerrier jouait un rôle essentiel. Ancien de l'Église et voix autorisée, il avait été un collaborateur du diacre Cadet de son vivant et assumait certaines responsabilités lors des absences occasionnées par sa maladie.
Cette transition a duré environ six mois, jusqu'à la décision de confier la direction de l'Église au pasteur Wilton Lamerique, le 17 décembre 2006. Ce dernier venait de terminer ses études théologiques au Séminaire Théologique de l'Église de Dieu en Haïti (STEDH).
Il est important de souligner que, tout au long de son existence, l'assemblée a rencontré des difficultés variées, certaines plus graves que d'autres, que ce soit sous la direction des Pélissier, du diacre Cadet, ou pendant le ministère du pasteur Lamerique. Voici quelques exemples marquants :
Persécution des autorités politiques : Un dimanche soir, lors d'un service en plein air, des agents de la préfecture sont intervenus, ont débranché et saisi notre matériel sonore, l'emportant dans leur véhicule. Face à des difficultés pour démarrer leur voiture, ils ont finalement dû nous restituer notre équipement.
Persécution des riverains du quartier : Un jour, pendant une séance en plein air, alors que l'évangéliste Alphonse Mondesir prêchait, une voisine de l'église a commencé à lancer des œufs sur les fidèles qui louaient et adoraient le Seigneur.
Déguerpissement de l'église : Lors d'un culte à la 2e impasse Lavaud, un juge de paix, accompagné d'huissiers et de policiers, a fait irruption. Ils ont saisi tous nos biens, les ont jetés dans la rue et ont scellé les locaux de l'église.
Vols et cambriolages : À plusieurs reprises, que ce soit à la 2e impasse Lavaud ou à la rue Camille Léon, des vols et des cambriolages ont ciblé le matériel, l'équipement sonore, les instruments de musique et d'autres biens de l'église.
Perte de fonds destinés à la construction de l'église : Une somme d'environ 150 000 gourdes, représentant les contributions des fidèles sur plusieurs années pour la construction du temple, a été perdue lors de la crise des coopératives qui a secoué le pays. Cette coopérative s'était engagée à nous accorder un crédit et à prendre en charge la construction du temple. Ce montant constituait notre apport initial sur le prêt.
Sous le ministère du pasteur Lamerique, les persécutions n'ont pas cessé. De nombreuses démarches auprès des autorités compétentes (police, commissaire du gouvernement) sont restées vaines. Les injures directement adressées aux fidèles en plein culte, ainsi que la diffusion de propos mensongers et diffamatoires sur internet et les réseaux sociaux, sont venues s'ajouter aux difficultés rencontrées.
Cependant, grâce à la fidélité de Dieu, l'assemblée a su résister à toutes ces épreuves avec l'aide du Seigneur. Au fil du temps, les persécuteurs ont été, soit contraints de quitter les lieux, soit expatriés, soit rappelés à Dieu. Tandis que l'œuvre infaillible de Dieu, sous l'égide du Saint-Esprit, perdure, demeure et poursuit son ascension malgré ces persécutions. La prière est notre force.
Concernant la construction du temple, plusieurs comités de construction ont été formés, avec pour mission initiale de collecter des fonds, puis de lancer les travaux. Le comité qui a finalement posé la première pierre de l'église était présidé par le frère Bauzelais Laurore. Nous lui en sommes reconnaissants, car l'important n'est pas seulement de réaliser de grandes choses, mais aussi d'oser les entreprendre. Je me souviens des frères et sœurs, hommes et femmes, qui transportaient les blocs à la chaîne pour construire les fondations du temple, afin d'éviter les frais de transport, les blocs étant fabriqués dans le quartier.
Un responsable et professeur de l'UniQ, témoin de cet esprit d'unité, ne manque jamais de me le rappeler, surtout en constatant la transformation physique du temple.
Après son investiture, le pasteur Wilton Lamerique a dressé un inventaire des actifs et des passifs de l'assemblée. Le bilan était le suivant : une construction en cours mais difficile à faire avancer, quelques murs de blocs, un prélart sur un espace de 200 m² qui, comme le dit le proverbe, "pouvait tromper le soleil, mais pas la pluie". L'assemblée comptait également sept bancs usagés, environ 200 membres et deux registres de mariage. Les comptes de l'église ne contenaient que 2 500 gourdes, mais des créances douteuses d'environ 100 000 gourdes, correspondant à des dettes de certains membres, étaient enregistrées dans les archives.
Sous le ministère du pasteur Lamerique, que beaucoup considèrent comme un progressiste, les projets d'envergure, même ceux nécessitant des sommes considérables, sont lancés avec foi, sans attendre de savoir d'où proviendront les fonds. Il incarne sa devise, bien connue de tous : « Tout est possible à celui qui croit ». Ainsi, le 15 décembre 2011, un premier versement de 25 000 dollars américains sur un montant total de 45 000 dollars américains a été effectué pour l'acquisition d'un terrain. Le deuxième versement de 10 000 dollars américains a eu lieu le 28 mai 2012, et le solde a été réglé le 1er septembre 2012. Une superficie d'environ 200 m² a ainsi été ajoutée à l'espace disponible, en vue d'agrandir l'église.
Des progrès extraordinaires ont été réalisés dans le développement de l'église sur les plans spirituel, social, organisationnel, structurel et physique. La construction du temple est à un stade avancé, et un premier agrandissement a déjà été effectué grâce à l'espace nouvellement acquis. Actuellement, plus de 500 membres baptisés et affiliés participent régulièrement à la Sainte-Cène. Huit départements ont été constitués : le Département de l'éducation chrétienne (école du dimanche), le Département de la jeunesse, le Département des dames, le Département des hommes, le Département des enfants, le Département d'assistance chrétienne, le Département d'évangélisation et le Département de la musique. Cinq chorales (Exaltation d'Elohim, JEFA, Harmonie, la chorale des enfants et la chorale de Paskette à Jacmel) chantent la gloire de Dieu lors des cultes. Une quinzaine de groupes fonctionnent au sein de l'église. Un espace de culte pour les enfants a été aménagé, où trois classes, totalisant environ deux cents enfants, se réunissent chaque dimanche pour des cultes séparés de ceux des adultes. Chaque année, en moyenne, une dizaine de présentations au temple, une dizaine de semaines d'activités spirituelles, des activités récréatives et culturelles, une trentaine de baptêmes et d'affiliations, et une dizaine de mariages sont célébrés. Des programmes de formation (séminaires, conférences, conseils, études bibliques) sont régulièrement organisés à l'église à l'intention des ouvriers, des jeunes et de l'assemblée en général. Une structure organisationnelle, comprenant les statuts et le règlement intérieur de l'assemblée ainsi que la définition des tâches de tous les responsables de l'église, a été élaborée.
Afin de l'assister dans ses multiples tâches, le pasteur titulaire Wilton Lamerique a pris la décision, en avril 2014, de consacrer le frère Dagobert Elisée au rang ministériel de pasteur lors d'une cérémonie d'ordination organisée le 20 avril. Depuis, le pasteur Elisée l'assiste dans ses différentes tâches et le remplace en cas d'« absence ». Le terme « absence » est mis entre guillemets car le pasteur Lamerique reste présent grâce aux technologies de l'information et de la communication (TIC) et aux réseaux sociaux. Certains fidèles rapportent qu'ils ne savent pas si le pasteur Lamerique est en Haïti ou à l'étranger, car il communique constamment par téléphone, WhatsApp et Facebook, même depuis l'étranger. Ils soulignent également que, même lors de ses absences physiques de quelques jours, voire d'un mois, le fonctionnement de l'église n'est en aucun cas perturbé, car tout se déroule comme s'il était présent.
Au début du mois de juillet 2017, à la suite d'une tournée missionnaire de quinze jours, au cours de laquelle plus d'une centaine de croyants ont donné leur vie au Seigneur Jésus, une nouvelle église a été implantée le 9 juillet à Paskette, une section communale de Jacmel, dans le département du Sud-Est. Après une cérémonie de baptême d'eau en novembre 2017, une trentaine de membres ont été baptisés et ont reçu la main d'association, rejoignant ainsi la communauté des membres de l'Église la Foi Apostolique de Turgeau.
Face au développement de l'œuvre, la nécessité d'avoir davantage de ministres de l'Évangile (pasteurs) ordonnés et reconnus par les autorités établies se fait de plus en plus sentir pour l'enseignement, la prédication, la gestion et l'administration de l'église, la célébration de la Sainte-Cène, les baptêmes, les mariages, la présentation des enfants au Seigneur et les funérailles. De plus, il est devenu prioritaire d'avoir des bergers à l'image de Jésus-Christ pour guider le troupeau, qui ne cesse de croître. Parallèlement, de nombreux frères et sœurs de la congrégation, ayant reçu l'appel de Dieu, ont entrepris des études théologiques à l'école biblique. Nous lisons dans la Parole de Dieu : « Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l'œuvre du ministère et de l'édification du corps de Christ » (Éphésiens 4:11-12)."
Je vais vous raconter une petite anecdote, mais à condition que cela reste entre nous.
Pour des raisons professionnelles et de formation, j'étais au Canada pendant quatre semaines au mois de juillet 2017. Le pasteur Lamerique, qui était en mission à Jacmel, a dû quitter Jacmel pour venir célébrer un mariage le samedi 8 juillet 2017. Il est retourné à Jacmel dans la soirée pour y être le dimanche matin, puis est revenu à Port-au-Prince pour la cérémonie de la Sainte-Cène l'après-midi du 9 juillet.
En août 2016, le jour de mon retour, Wilton Lamerique m'a appelé alors que j'étais en transit dans un aéroport étranger pour m'informer qu'à mon arrivée, je devais animer les études bibliques, car il devait se rendre aux États-Unis le jour même. Heureusement, mon vol n'a pas été retardé, et j'ai eu juste le temps de déposer mes affaires et de me rendre directement à l'église. Vous comprenez les difficultés de gestion lorsque les ressources humaines sont limitées.
La Bible nous enseigne que la moisson est grande, mais qu'il y a peu d'ouvriers. Prions donc le Maître de la moisson afin qu'il envoie des ouvriers. Effectivement, Dieu a pourvu en permettant à plusieurs bien-aimés de se former en théologie à l'école biblique, ce qui justifie la cérémonie d'aujourd'hui. En effet, le Maître de la moisson nous a envoyé, pour renforcer son champ, Sœur Jocelyne Ladouceur, Frère Reginald Lamour et Frère Emmanuel Benoit Dextrat.
Il est nécessaire, voire indispensable, de déléguer les multiples tâches qu'exige la gestion d'une assemblée et de partager les responsabilités en établissant des chefs de mille, des chefs de cent, des chefs de cinquante et des chefs de dix, comme Jethro, le beau-père de Moïse, l'a recommandé. De plus, afin de permettre à ceux qui ont reçu l'appel de Dieu d'exercer leur ministère au sein de l'assemblée locale, après de nombreuses prières et réflexions, avec l'aide de Dieu et en nous appuyant sur les préceptes bibliques (Exode 18:13-23), la consécration et l'ordination de ces trois (3) nouveaux ouvriers, dont une femme, au rang ministériel de pasteurs ont été programmées et sont possibles en ce début du second semestre de l'année 2018, et plus précisément ce dimanche 29 juillet 2018. Cette cérémonie d'ordination répond au souci d'être plus efficace et efficient dans le ministère, et s'inscrit dans une logique de dynamisation du fonctionnement de la congrégation.